Suite à la convention signée en 2019 entre le Congrès permanent de la langue occitane et l’IGN (Institut Géographique National) le Congrès est désormais le référent pour l’occitan sur l’harmonisation des formes graphiques sur les 32 départements occitanophones. Après le Pays Basque, et la Catalogne, la Région Occitanie bénéficiera ainsi d’une mise en valeur, tant au niveau national que local à travers ce projet d’envergure. Pour des contraintes de temps et d’espace, les travaux engagés n’auront pas le niveau de précision de ses prédécesseurs basque et catalan.
Néanmoins, afin que l’information soit fiable, certaines étapes d’une étude micro-toponymique sont incontournables :
- Le toponymiste, dédié à cette mission, doit réaliser une enquête de terrain de deux types : collectage oral auprès de locuteurs de langue maternelle occitane et un enquête écrite qui consiste à relever un minimum de formes anciennes dans les cartes (IGN, cadastre, canton, etc.) et dans les sources anciennes (livres terriers, bulletins paroissiaux, etc.). Les archives locales et départementales doivent ainsi être consultées.
- Compte-tenu de l’ampleur géographique du territoire concerné, un toponymiste seul ne sera pas en mesure de mener à bien cette mission. Ainsi, il aura à charge de mobiliser les acteurs de terrain - élus, techniciens et associatifs dans les communes - afin d’assurer une partie de ces collectages, d’organiser ce travail de collectage et de former des référents qui pourront à leur tour assurer un suivi.
- Ces enquêtes peuvent également servir de support pédagogique aux élèves de 3ème cycle de primaire, tout comme au collège ou au lycée. Encadrés par un enseignant d’occitan, ces travaux alimentent également les données analysables. Le toponymiste aura ensuite à charge d’analyser ces données, en collaboration avec les Université Toulouse-Jean Jaurès, de Pau, Montpellier-Paul Valéry et de Bordeaux, les institutions (CIRDOC - Institut occitan de culture) et les chercheurs locaux indépendants, en les confrontant aux nombreuses sources bibliographiques concernant la microtoponymie occitane. Il est souhaitable que la collaboration avec l’Université se renforce afin d’inciter les étudiants (M1, M2, Doctorat) à réaliser des enquêtes approfondies dans le cadre de mémoires sanctionnés par des diplômes de l’enseignement supérieur. Cette intelligence, co-encadrée par l’Université et le Congrès, permettrait un gain de temps précieux pour ce projet.
Constitution et diffusion d’une base de données
- En partenariat avec le Cirdoc, il sera créé un modèle de fiche d’identification nécessaire à la description précise (coordonnées géographiques, typologie, date et lieu du collectage, sources relevées, formes historiques, etc.) de chaque toponyme occitan. Les standards développés par l’office public de la langue bretonne pour le breton serviraient de base.
- Sous la responsabilité du Congrès, une base de données devra être créée, comme c’est le cas pour les toponymes bretons, basques et catalans. La plateforme locongres.org, désormais la référence pour les ressources linguistiques occitanes, pourrait accueillir une interface dédiée de consultation de la base de données, avec cartographie, recherches multicritères, etc. De même, les données toponymiques seront connectées, à terme, au dicodòc (multidictionnaire occitan, 320 000 visites/an), permettant à l’utilisateur de faire remonter des informations contextualisées en fonction de ses recherches (par exemple, une recherche de la traduction occitane du mot “ferme” renverrait, en plus du contenu des dictionnaires, vers les toponymes “bòria”).
- Les données seront traitées selon des formats permettant l’interopérabilité avec les outils existants, et donc leur usage sur d’autres plateformes (Occitanica).
Information et sensibilisation des collectivités territoriales, des services et des partenaires de la Région (lycée, SNCF, etc.)
- Par ailleurs, il est important que les Régions valorisent ce bilinguisme dans leur communication. Les bâtiments des Régions pourraient, ainsi, être la cible prioritaire, à commencer par les lycées pour lesquels des demandes sont déjà en cours. Cela permettrait, d’une part d’avoir une communication immédiate et conséquente, mais également de former une génération à se réapproprier sa culture.
- La signalétique SNCF est un enjeu majeur pour lequel des discussions ont déjà été engagées. A l’image des projets développés en Nouvelle-Aquitaine ou en Bretagne, il conviendra de définir des lignes stratégiques valorisant des communes engagées dans ces démarches. Un plan de déploiement en Région Occitanie autour des événements de Total Festum pourrait être une piste probante.
- Les départements et les communes ont également une autonomie sur leurs propres voies, il est nécessaire de les sensibiliser quant aux opportunités qu’elles ont en matière de signalétique.
- Les parcs naturels, comme d’autres parcours touristiques, peuvent également faire l’objet d’une communication bilingue en direction de leur public. Plusieurs réalisations sont à signaler, notamment dans le Parc du Haut-Languedoc, qui peuvent être valorisées et répliquées. La Région Occitanie s’est engagée dans cette voie avec le financement de deux contrats doctoraux (Parc naturel de l’Aubrac et des Causses du Quercy).
- Enfin, il est évident que les événements culturels des Régions, tels Total Festum en Occitanie, devront être saisis pour faciliter cette appropriation. Ainsi, les appels à projet des Régions, concernant les langues régionales, pourraient inclure une demande d’information concernant la valorisation visuelle ou sonore de ces langues. Les différents évènements pourraient, de fait, aider la population à s’approprier cette signalétique.
Appui technique pour des réalisations
Selon les retours et l’intérêt des administrations et services sensibilisés, nous serions par la suite en mesure de les accompagner dans différentes réalisations :
- ingénierie linguistique : appui aux opérateurs publics ou privés en termes de diagnostic, méthode et propositions de réalisation adaptées (par exemple accompagnement d’une commune dans le cadre de la mise en place d’une politique linguistique).
- visibilité de la langue (exemple : panneaux de rue de la commune de Toulouse, etc.) pour laquelle nous pourrions nous appuyer sur des expériences existantes.
- signalétique bilingue (exemple : signalétique sonore du métro toulousain, etc.)
- projet toponymique ciblé : monographie communale, coordination de projets édtoriaux, médiation auprès du grand public, création de carte interactive, etc.