Une gigantesque figure du monde occitan vient de nous quitter, emportée par la maladie : Christian Rapin. Il était né en 1931 à Clamart dans la région parisienne dans une famille de Tonneinquais (Agenais).
Dans son enfance, il y passait ses vacances d’été où, à son époque, ses camarades de jeu comme les adultes parlaient tous spontanément occitan même s’ils n’étaient pas conscients d’être occitans. Cette conscience lui est venue en partie dans l’Algérie en guerre où il faisait son service militaire. Une époque qu’il évoque pudiquement dans son roman Ego nominor Leo. Après avoir étudié l’espagnol et le vietnamien aux Langues Prientales, il est devenu professeur d’espagnol à Agen puis d’occitan et a terminé sa carrière d’enseignant comme conseiller pédagogique pour l’occitan dans le Lot-et-Garonne.
Occitaniste de la première heure, il fonda en 1973 avec ses complices Marceau Esquieu et Jean Rigouste l’École Occitane d’Été de Villeneuve sur Lot et s’impliqua dans le volet occitan du Jasmin d’argent. Écrivain occitan et poète, lauréat du prix Jaufre Rudèl en 1959 et en 2008, il nous laisse une œuvre importante qui marquera l’histoire de la littérature et de l’Occitanie.
À chaque fois qu'on lit un écrit de Christian Rapin, nous ne pouvons qu'être émerveillé de la richesse de sa langue et sa connaissance de l’occitan est profonde.
C’était aussi un lexicographe qui, au terme d’un travail de bénédictin de plusieurs années a produit un dictionnaire français-occitan encyclopédique dont la valeur est unanimement reconnue.
Militant infatigable de la langue occitane, il l’était aussi de l’Occitanie depuis sa rencontre avec François Fontan, fondateur du Parti Nationaliste Occitan en 1959, devenu plus tard Parti de la Nation Occitane. Mais il militait à sa manière, c’est-à-dire sans agressivité, avec humilité et gentillesse, en écoutant ses interlocuteurs avant d’exposer ses idées. Il aimait avec une pointe de provocation aborder en occitan les gens dans la rue et dans les commerces ou même lors d’une hospitalisation systématiquement pour tester leurs réactions.
C’était une figure bien connue des Agenais du temps où il se déplaçait dans sa légendaire 2CV. Un homme ouvert aux autres et ami des chiens et des chats qui régnaient en maîtres dans sa maison de Sauvagnas où son épouse fut longtemps institutrice. Homme aux facettes multiples, entre le pédagogue, l’écrivain, le poète et le militant politique, il est difficile de choisir tellement tout est imbriqué et indissociable.
Par ailleurs, Agen était sa ville de cœur et en 1986, il lui avait consacré un recueil de nouvelles Nòvas agenesas. Il fait maintenant incontestablement partie des illustres d’Agen au même titre que Jasmin, son illustre prédécesseur, Louis Ducos du Hauron et Michel Serres.
Le Congrès permanent de la langue occitane salue le travail précieux d'un homme infatigable entièrement dédié à la langue occitane.