2021 : une année exceptionnelle ! Et pour 2022 que peut-on espérer ?
L’année qui vient de se terminer est bien exceptionnelle à plus d’un titre… La pandémie mondialisée s’est imposée en permanence dans l’actualité sanitaire, politique, économique, sociale et culturelle, les moyens de communication, partout… Nous avons la chance cependant de pouvoir être vaccinés pour nous protéger de cette épidémie. N’oublions pas que des millions d’êtres humains ont été sauvés grâce à la vaccination contre des maladies qui les décimaient, que des millions attendent des vaccins contre le coronavirus mais aussi pour bien d’autres fléaux. Ceci étant dit, car on ne pouvait pas faire l’impasse sur ce sujet, 2022 a bien été aussi une année exceptionnelle pour les langues dites régionales de France. On n’en a jamais autant parlé au plus haut niveau… Bien sûr, la transmission de l’occitan a continué de pâtir des mesures régressives du ministère de l’Éducation (réforme du lycée, plan langues, manque de moyens) mais pratiquement toute l’année les langues régionales ont été plus que jamais sur le devant de la scène avec :
• Les discussions à l’Assemblée nationale et au Sénat.
• Une loi enfin pour les langues régionales. Aucune n’avait pu émerger depuis 1951. Une loi votée par une majorité plus large, bien plus large que ce que l’on pouvait espérer.
• La censure de la loi par le Conseil constitutionnel, pour des raisons plus idéologiques que juridiques, de deux articles. Cette censure a discrédité le Conseil constitutionnel et, à certains égards, a servi de promotion pour les langues régionales.
• Une prise de position sans précédent du Président de la République et du Premier Ministre en faveur de nos langues qu’ils ont qualifiées de « trésor national » et de l’enseignement immersif.
• L’augmentation du coefficient des options facultatives au baccalauréat qui ne suffira pas mais est une petite victoire qui redonne quelques arguments aux professeurs pour l’orientation.
• La nouvelle circulaire sur l’enseignement des langues régionales qui, même si elle ne suffit pas, peut permettre de sauvegarder l’existant (parar lo semenat) en rappelant ce qu’il est théoriquement possible de faire et en essayant de reconnaître et sécuriser l’enseignement immersif dans l’enseignement associatif mais aussi, comme la loi le prévoyait, dans l’enseignement public.
Le Congrès permanent de la langue occitane, qui vient de fêter ses dix ans a contribué avec bien d’autres aux avancées, et a surtout poursuivi son travail avec la production d’outils linguistiques au service de la langue occitane et de ses usagers. Le dernier, Votz, très novateur, est la première synthèse vocale de l’occitan pour passer automatiquement de l’écrit à l’oral. Bravo à toute l’équipe du Congrès et à tous les bénévoles qui participent à son travail.
Pour les vœux pour 2022, faisons un rêve : que pour le monde entier l’épidémie de coronavirus se termine enfin et que tout le reste aille mieux aussi. Et puis pour l’occitan espérons que :
• commence dans toutes les régions occitanes, avec les moyens nécessaires, la mise en œuvre de l’article de la loi Molac qui permet, dans le cadre de conventions avec l’État, de « proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves »,
• le Conseil constitutionnel ne trouve pas à nouveau la pédagogie immersive anticonstitutionnelle et ne censure pas la circulaire comme il l’a fait pour la loi,
• le Conseil interministériel des langues régionales annoncé par le Premier Ministre soit effectivement créé avant les élections présidentielles,
• les langues régionales, patrimoine national en grand danger, soient dans le programme du futur gouvernement qui sera formé après les élections,
• la transmission et l’usage de l’occitan se redressent.
Gilbert Mercadier,
Président du Congrès permanent de la langue occitane