Les vœux sont plus qu'un rituel. C’est l'occasion de jeter un regard sur l’an passé et de voir venir l’année qui se présente.
Les vœux sont plus qu'un rituel. C’est l'occasion de jeter un regard sur l’an passé et de voir venir l’année qui se présente. Nous disons bien bonne année et nous souhaitons que les crises de toutes sortes de l'année passée cessent mais est-ce que les guerres et le changement climatique vont pouvoir s’arrêter ? Les années qui nous avaient fait croire au progrès sans fin et à l'illusion que l'humanisme avait gagné sur les idéologies mortifères reviendront-elles ? L'année qui débute, pour l’instant, ne semble pas mener vers un « Temps nouveau » et à une « Terre sans mal »... Pour les langues régionales, la loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales n'est pas appliquée. Au ministère de l'Éducation, les titulaires changent souvent mais les lamentables réponses mensongères de ses services à des élus qui posent des questions demeurent les mêmes. Ils osent même écrire qu'il y a trop de professeurs pour l'occitan alors que nous en manquons, ce qui fait que ce n'est qu'une petite minorité d'élèves qui a la possibilité de trouver l'occitan à l'école. Les conventions État-Région pour l'enseignement, prévues par la loi, ne sont toujours pas prêtes pour l'occitan. Les langues régionales ne sont même pas citées dans le « choc scolaire » mais le monopole de l'anglais est confirmé et des chefs de services ont maintenant des cartes de visite en anglais... Ce n'est pas un signe de modernité mais une preuve de soumission. Au ministère de la Culture le budget a progressé sauf pour les langues régionales. Le Conseil national des langues régionales s’est effectivement réuni à Paris mais la ministre de la Culture est passée surtout pour nous parler de l'inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villiers-Cotterêts. Il est vrai qu'à l'occasion de l'inauguration de ce mausolée le 30 octobre le président de la République a déclaré : « C'est pourquoi je veux que nos langues régionales soient encore mieux enseignées et préservées, qu'elles trouvent leur place dans l'espace public ». Ainsi soit-il ! Mais il faudra le lui rappeler continuellement toute la fin de son mandat, le rappeler à ses ministres qui font le contraire et aux tribunaux administratifs qui interdisent encore l'usage des langues de la France au nom de l'article 2 de la Constitution mal interprété. Le président dit aussi de la langue française « Surtout elle peut, elle doit cohabiter harmonieusement avec nos 72 langues régionales, dont le breton, le basque, le béarnais, le gascon, le provençal, tous les occitans, le catalan, le corse, les parlers romans ou créoles, les langues kanakes, polynésiennes. » Ce morcellement de l'occitan-langue d'oc, terme officiel depuis des années que le président n'a pas employé, est très étrange... Nous pouvons craindre qu’« en haut » ils ne tiennent plus à confirmer l'unité de notre langue... Il faudra tous nous mobiliser pour bien des choses cette année, maintenir la pression, notamment pour l'application de la loi et une révision de l'article 2 de la Constitution qui est, continuellement, un prétexte pour nous entraver. Heureusement, « en bas », les associations et des élus ont fait leur travail pour la langue. Nous ne pouvons pas tout examiner ici, présenter toutes les réalisations et les luttes mais nous pouvons rappeler la journée sur la loi co-organisée par un large collectif avec la région Occitanie et annoncer que la Coordination occitane a regagné un poste au CESER de la région Occitanie et en fera bénéficier les catalans. Pour la coopérative de matériel occitan qu'est le Congrès, 2023 a été une année de travail fructueuse, avec de nouvelles productions d'outils pour les usagers. Je tiens à remercier l'équipe de permanents et tous les bénévoles qui aident. L'année dernière, le Congrès a également bien préparé le travail pour cette année. Avec le nouveau POCTEFA-IA, nous allons pouvoir améliorer les outils informatiques actuels et en faire de nouveaux en lien avec les aranais et les catalans. Enfin, dans le cadre du CPER, avec de nouveaux lexicographes, le Dictionnaire général informatisé de toute la langue occitane qui nous manque va pouvoir progresser. Il sera tout en occitan et richement illustré de citations diverses tirées du patrimoine littéraire et oral. Finissons sur une belle note d'espoir ! À la question de l’institut Cluster de sondage de novembre 2023 « Êtes-vous favorable au développement de l’enseignement des langues régionales dans les écoles publiques ? » 62% des sondés ont répondu oui et ce sont les plus jeunes, les 18-24 ans, qui sont les plus favorables, à 86% ! Gilbert Mercadier Président du Congrès permanent de la langue occitane