Le premier roman du musicien Denis Galvier, situé entre imaginaire et réel, entre deux langues et les deux rives du Vidourle.
Un récit rythmé, contemporain, dans le bourg de Sommières auquel l’auteur a emprunté le cadre pour une fresque sociale douce amère, sorte de thriller à taille humaine.
Un choc de mondes à l’échelle d’une petite ville…
Extrait :
« Couper les ponts, voilà une expression qui n’avait jamais été autant d’actualité.
Ça faisait trois jours que, faute d’être bloqué, le passage sur les deux ponts de la ville était réglementé. Des milices, créées dans l’urgence, assuraient le contrôle de toute personne qui passait à pied sur le vieil ouvrage romain ou en voiture par l’arche de béton qui enjambe le Vidourle en amont du bourg.
Et comme en écho à toute cette folie, l’eau du petit fleuve, qui ne coulait plus guère dans cette période de sécheresse, avait commencé à tourner. Des algues d’un vert glauque flottaient dans les trous d’eau rescapés, restes ridicules d’un cours d’eau qui, plus d’une fois, avait su montrer ses muscles destructeurs. Il ne manquait plus que, la malaïgue, ce pourrissement de l’eau, pour ajouter à cette situation puante.
Les regards étaient devenus noirs et chacun épiait son voisin d’un œil suspicieux. Les portes se fermaient sur des odeurs acres de peur et de haine. Dans les rues de la vieille ville, des bandes de néo-justiciers déambulaient fièrement, armés de tout ce qu’ils avaient trouvé pour affirmer leur pouvoir. On ne comptait plus les altercations qu’un mot, une attitude, un regard interprété ou la certitude d’avoir trouvé un activiste dangereux suffisaient à déclencher. Les policiers assistaient impuissants à ces échauffourées, quand ils n’en étaient pas les initiateurs. »
Édition bilingue en occitan et en français (traduction française de l’auteur).