Dans Fin’amors triptic ...e mai de Miquèla Stenta, le récit correspond en grande partie au titre, un peu énigmatique, mais le lecteur découvre vite, au fur et à mesure qu'il avance dans les pages, que cette dimension esthétique et picturale n'est pas la seule, et peut-être pas la plus importante.
En effet, toute cette œuvre courte et forte par son authenticité thématique, est une longue vibration musicale, un frémissement continu de voix, de sons, de silences, d'ombres, de tempo maîtrisé, d’harmonies subtiles organisées grâce à une construction en trois mouvements, comme un concerto, sans oublier le scherzo final. Une histoire d'amour ? On peut en écrire des pages sur le sujet comme Belle du Seigneur d'Albert Cohen, ou Ada de Nabokov, ou écrire « tout simplement » ce triptyque, court, en fusion, d'un pouvoir expressif et d'une densité impressionnante, bien entendu grâce à la fréquentation des Troubadours et à leur exigence formelle. Le roman nous rend d'ailleurs leur présence presque sensible. Le récit réalise le miracle (ce sont des choses qui arrivent) de faire cohabiter deux mondes différents, d'êtres qui se cherchent, se trouvent, se perdent, et… Le miracle de mêler dans la vie quotidienne des temps historiques et des espaces différents, des espaces intérieurs aussi, et de faire d'un vécu tellement personnel - pudiquement parlant - une expérience universelle. La littérature occitane est au commencement de la littérature occidentale moderne, mille ans plus tard, elle est encore vive et n'a pas oublié ses origines. Le florilège final en est la confirmation.