Ces tableaux illustrent la prononciation de l'occitan à travers les relations entre la graphie et la phonie de la langue. Ils suivent le qui est de valoriser ce qui est commun en respectant la diversité. Ils proposent, pour chaque graphème, sa prononciation occitane, les principales variations phonétiques et des sons pour entendre le graphème prononcé.
Introduction
« Mai de mila ans nos fa... » chantait Claudi Martí.
Oui, cela fait plus de mille ans qu'on écrit l’occitan.
Il faut bien dire que certains ne le savent pas encore. Une collègue me disait en 2006 : « Mais le patois, enfin je veux dire l’occitan, autrefois, ça s’écrivait pas ! ». Pour « l’autrefois », je lui ai parlé des troubadours, de Godolin qui a sa statue sur une place de Toulouse, de Mistral qui a eu un prix Nobel, de littérature écrite, si, si, et non orale. Je lui ai expliqué calmement que la graphie est la façon d'écrire un mot, un son, et plus généralement un système d'écriture organisé, cohérent, normé disent certains, pour écrire une langue. Si, si, toutes les langues peuvent s'écrire. Je lui ai confirmé qu'il existe des langue ayant plus d'une graphie, que oui on le voit à chaque fois dans La Dépêche pour l'occitan, mais que ce n'est pas parce qu'il y a deux graphies qu'il y a deux langues.
La graphie dite classique de l’occitan que nous présentons ici reprend sur plusieurs points la graphie des troubadours. Oui, cela fait plus de mille ans qu'un échantillon de mots s'écrivent de la même manière.
C'est à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle que des gens comme Josèp Ros puis Prospèr Estieu, Antonin Perbòsc, Josèp Salvat, ont commencé à travailler à l'unification de la graphie de l’occitan en proposant un système adapté de la graphie des troubadours, différent de la graphie mistralienne.
Puis Loís Alibèrt, en s'appuyant sur les travaux réalisés pour le catalan par Pompeu Fabre et pour l’occitan par Prospèr Estieu et Antonin Perbòsc, a lancé avec sa Gramatica ocitana segon los parlars lengadocians (1935), les grands principes de la nouvelle graphie dite classique. L’Institut d’Études Occitanes, créé en 1945, a organisé l'adaptation de ces principes de la graphie classique aux autres grandes variantes de l’occitan grâce au travail de personnes comme Robèrt Lafont, Pèire Bèc, Josèp Migòt, Joan Rós…
Nous passerons sur les querelles byzantines pour certains changements de graphèmes, « s » et « z » par exemple, ou du système d'accentuation. J'ai vu un jour en classe un pauvre bon professeur qui avait des élèves qui utilisaient deux éditions d'un même manuel avec deux sytèmes d'accentuation différents. Imaginez-vous le bazar... Dès qu'il écrivait quelque chose, une partie de la classe faisait savoir que ce n'était pas ainsi dans son livre et les autres disaient que si.
En 1997 le Conseil de la langue occitane (CLO) a pris la relève pour assurer la gestion de la norme graphique et orthographique. Il a proposé des recommandations en complément des travaux précédents. Elles sont à présent en usage, pour l'essentiel, sur une bonne partie du territoire occitan.
Lo Congrès compte, depuis sa création, dans les missions que lui ont confiées les acteurs associatifs et publics de l'occitan qui l'ont voulu et installé, celle de gérer et de faire connaître la graphie classique.
La graphie classique
C'est la graphie de notre histoire et de la dignité retrouvée de notre langue. Elle fait l'unité des parlers occitans et la continuité de la langue médiévale à aujourd'hui.
C'est une graphie support, englobante. Un même mot écrit partout de la même façon peut avoir des prononciations différentes. La correspondance entre graphie et phonie est différente d'une région à l'autre, mais c'est ainsi en réalité, plus ou moins, dans toutes les langues. Si l'apprenant, le néo-locuteur, ne connaît pas les clés de ces correspondances, il peut se tromper. Bien sûr, la graphie support et englobante a des limites. Il y existe effectivement des différences entre variantes qui sont prises en compte graphiquement. Par exemple, la « hèsta » gasconne ne peut pas s'écrire « fèsta » et « chabra » ne peut pas s'écrire « cabra ».
Enfin, la graphie classique a également le mérite de bien montrer la parenté de l’occitan avec les autres langues romanes.
Dans les nouvelles générations de bonne volonté qui apprennent la langue, mais également dans les autres, les interférences graphie-phonie sont bien trop fortes et amènent un bon nombre d'erreurs et de mauvaises prononciations.
Il ne faut pas se boucher les oreilles. La graphie « paur » fait dire [pawr] a plus d'un, alors qu'elle ne se dit quasiment nulle part de cette manière, et tout le monde sait également que le « a » final et le « o » sont des graphèmes qui en trompent encore beaucoup.
Maîtriser la relation graphie-phonie n'est pas aussi facile a faire que ce qu'on a pu le dire, surtout à présent que les jeunes ne connaissent pas assez la langue, ne l'entendent pas assez, déshérités comme ils sont, et que certains la lisent plus qu'ils ne l'entendent sans avoir assez de références orales solides, bien appuyées sur l'audition, la pratique et des modèles. La graphie classique nécessite comme toute graphie un apprentissage, un bon entraînement. Passer de l'oral à l'écrit et de l'écrit à l'oral n'est pas toujours facile à faire, d'autant plus qu les changements graphiques ont créé une sorte d'insécurité.
Il y a plus d'un élève qui n'ose pas parler en-dehors de la classe. Ils trébuchent à cause de graphèmes mal oralisées et parlent un occitan francisé sans la prosodie qui le caractérise. Les normes graphiques mal assimilées deviennent sources d'erreur, des pièges.
Les objectifs de ces tableaux oralisés
Ce ne sont pas les travaux, dont certains sont très pointus, qui manquent sur le sujet de la graphie classique, mais ils sont éparpillés, souvent partiels (généraux ou pour une seule variante), pas toujours faciles à maîtriser ou à acquérir. La prononciation est donnée avec la graphie française ou avec l'alphabet phonétique international qui, seul, n'est pas une garantie de bonne prononciation.
C'est pour cela — et c'est assez nouveau — que dans l'outil que réalise le Congrès, la prononciation oralisée par des locuteurs vient illustrer, concrétiser, exemplariser, modéliser la théorie.
Et nous savons bien qu'il est mauvais de vouloir faire parler sans son, seulement avec l'écriture. C'est comme de vouloir faire nager sans eau. De plus, des erreurs s'accumulent.
Avec ces tableaux, le Congrès veut :
- faciliter pour les usagers la connaissance, la compréhension, la diffusion et la bonne utilisation de la graphie classique, facteur très important d'unité de la langue occitane. La graphie classique n'est pas encore assez connue et, quand elle l'est, elle n'est pas toujours assez maîtrisée ;
- contribuer à améliorer la relation graphie classique - prononciation et limiter les interférences qui causent une perte de la qualité de la langue orale des apprenants ;
- donner des références écrites et orales ;
- répondre à la demande des collectivités territoriales qui nous ont confié, et qui nous reconnaissent, ce rôle de référence, de régulation, de gestion de la graphie. Ils veulent pouvoir dire à des porteurs de projets qui ne connaissent pas bien la graphie classique : « Allez voir le Congrès ».
Bien sûr, il n'y a pas toutes les variantes, tous les parlers dans ces tableaux. Nous en sommes restés — grand principe du Congrès – à ce qui est commun et aux principales variantes. Il n'y a pas encore toutes les illustrations sonores prévues. Certains conseillers nous ont dit au début, et avec raison, alors qu'il n'y avait pas encore d'illustration sonore, qu' « une chatte n'y retrouverait pas ses petits » mais bien sûr que, quand tous les chatons miauleront, que tout sera oralisé, chaque chatte reconnaîtra bien plus facilement ses petits.
Cette production du Congrès sera améliorée avec l'aide du Conseil linguistique qui travaille sur l'actualisation et la reformulation des normes en usage avec des compléments sonores.
L’illustration sonore des relations graphie-phonie sera complétée en insistant sur ce qui est le plus trompeur, en intégrant les mots dans des phrases pour en voir la structure, en entendre la prosodie, l'accent de phrase, les assimilations... Il faut bien y réfléchir et bien choisir mots, phrases, extraits de textes, dires, locuteurs, pour qu'ils soient d'une langue réelle, significatifs, assez pédagogiques sans trop et pour qu'ils apportent du sens pour être assez agréables et évocateurs.
La Parabòla del filh perdut, nous l'avons reprise et adaptée en hommage à Pèire Bèc, à qui l’occitan doit tant.
Nous ajouterons également des textes littéraires rédigés pour la langue culte, et des extraits de collectage pour la langue populaire souvent maîtresse pour la phonologie.
Des développements pédagogiques préparés par une collaboration entre linguistes et enseignants sont déjà demandés.
J'achèverai en remerciant tous ceux qui ont travaillé d'une manière ou d'une autre pour cette production, avec une mention spéciale pour Maurici Romiu, vice-président du Conseil linguistique du Congrès, qui a accepté la responsabilité, et également le risque, de la direction scientifique de cette première version.
Gilabèrt Mercadier, président du Congrès
Les Normes Orthographiques de l'aranais
Le 14 janvier 1983 les Normes orthographiques de l'aranais ont été adoptées par un décret signé par le président de la Generalitat de Catalogne et, en tant que telles, publiées en DOG num. 312 du 16 mars de la même année. L'emploi de ceux-ci et celles-ci dans tous les cadres de la vie quotidienne de la société aranaise : administration, enseignement et affaires particulières, surtout à compter de son officialisation (Loi de régime spécial du Val d'Aran de juin 1990) a déterminé que ces points de la norme orthographique donnaient lieu à quelques ambigüités qu'il fallait lever.
à quelques ambigüités qu'il fallait lever."
Pour gérer cet objectif, le Conseil général d'Aran a créé une commission composée par des personnes ayant appartenu à la Commission qui avait élaboré les Normes orthographiques de 1983, régissant le bureau OFEA (Oficina de Foment e Ensenhament der Aranés du Conseil Général d'Aran), tout en maintenant un contact étroit avec le Conseil de la langue occitane, duquel faisaient également partie quelques personnes qui avaient été membres de l'ancienne Commission.
Les différences entre les deux « normes », l'originale et la révisée, sont très petites et superficielles quand elles s'appliquent bien, ce qui permet d'affirmer qu'on peut parler d'une seule norme qui a deux variantes.
Graphie commune de la langue occitane
Lo norme orthographique employée, recommandée et gérée par le Congrès permanent de la langue occitane est la « graphie classique ». Cette norme est reconnue par le Ministère français de l'Education Nationale, par la Generalitat de Catalogne et par le Conseil général d'Aran. Elle a également été adaptée à l'occitan alpin oriental des vallées occitanes d'Italie.
Elle a été amorcée dans la Gramatica occitana segon los parlars lengadocians de Loís Alibèrt publiée en 1935, puis, après la seconde guerre mondiale, cette norme orthographique de l'occitan a été gérée au sein de l’Institut d’Études Occitanes (I.E.O.) et s'est adaptée aux grandes variantes de la langue. En 1997, des universitaires et des militants culturels ont créé le Conseil de la langue occitane (C.L.O.).
L’autorité scientifique de ce conseil a été reconnue par le Conseil général d'Aran e par les associations et les fédérations historiques occitanes, mais le C.L.O. a peu à peu abandonné ses activités au début des années 2000. Des membres du C.L.O. ont rédigé un texte commun avec des principes principaux et des modalités d'organisation pour un organisme de régulation de l’occitan. Le texte a eu un consensus politique et institutionnel et à l'Assemblée de Vielha en Val d'Aran le 23 mai 2008 où étaient représentées les collectivités territoriales, les institutions et les associations historiques. Ensemble, elles ont lancé le processus de création de l'organisme de régulation de l’occitan : le Congrès permanent de la langue occitane, mis en place officiellement à l'Hôtel de la Région Aquitaine à Bordeaux le 16 décembre 2011.
et complète les normes orthographiques et orales du C.L.O."
Le Conseil linguistique du Congrès est en train d'actualiser et de compléter les normes orthographiques et orales du Conseil de la langue occitane. Pour les principales relations graphie-phonie, vous pouvez déjà consulter sur le site des tableaux illustrés sonorement préparés par le Congrès pour répondre aux besoins des usagers.
Vallées occitanes d'Italie
Nòrmas ortogràficas, chausias morfològicas e vocabulari de l’occitan alpin oriental
La « Commission Internationale pour la Normalisation Linguistique de l'Occitan Alpin » a été créée en 1999 sur proposition de la Communauté de Montagne du Val Maira et dans le cadre de la mesure 4.2 de la convention Interreg II Italie-France.
présents dans le territoire de la Région Piémont."
Cette commission était formée par Giovanna Bianco, Franco Bronzati, Jean-Michel Effantin, Felip MARTEL et Rosella PELLERINO, avec la collaboration de Dario AGHILANTE, et coordonnée par Xavier Lamuela. Son but était de proposer une orthographe et une variété référentielle pour l'ensemble des parlers occitans alpins présents dans le territoire de la Région Piémont et d'illustrer son choix avec un dictionnaire de 8 000 mots.
Il convient de mentionner quelle est la relation entre la langue des vallées du Piémont et les autres dialectes occitans. Les parlers du nord, des vallées d'Oulx, Cluson et Saint Martin, continuent sans changements importants ceux du côté français ; plus au sud, se fait graduellement la transition vers le piémontais, mais les caractéristiques occitanes sont toujours présentes et la référence à l'ensemble de la langue est toujours possible.
généralement comprise et acceptée."
Une variété référentielle doit être généralement comprise et acceptée. Un principe utile pour l'établir est celui qui consiste à chercher la forme de langue qui, aprise par un étranger, lui permettrait de communiquer normalement en donnant l'impression de parler une variété qui ne serait jamais celle de l'interlocuteur, mais qui pourrait être celle d'un lieu assez proche. Dans notre cas, la fragmentation dialectale ne permet pas de faire cela pour tout l'ensemble des variétés présentes, mais en le faisant pour les variétés centrales, on obtient déjà un modèle de langue disponible pour quelques usages généraux. D'autre part, dans la variété proposée, tout en choisissant les caractéristiques des parlers centraux, des solutions ayant d'autres origines ont été acceptées quand elles semblaient préférables, généralement parce qu'elles étaient moins tributaires des influences italienne et piémontaise.
En tout état de cause, en employant l'orthographe commune, chacun peut écrire dans sa propre variété d'une manière accessible pour l'ensemble des occitanophones ; cela permet l'usage de variétés locales dans bien des situations qui demanderaient l'usage de la variété référentielle simplement en enlevant quelques caractéristiques trop marquées. Il faut tenir compte que la pratique générale de l'occitan admet une longue série de caractéristiques dialectales dans l'usage cultivé ; cette proposition de variété référentielle doit donc être prise comme un exemple de forme possible pour l'usage général et non pas comme une langue normative rigide. Ce n'est que la pratique habituelle de cette forme de langue qui permettra de fixer ce que chaque variété locale pourra lui apporter et ce qui conviendra à l'usage général. En conséquence, la grammaire et le dictionnaire sont présentés comme une caractérisation de la variété proposée, en laissant de la place, sur bien des points, à des solutions alternatives.
Xavier Lamuela, coordinateur de la Comission Internacionala per la Normalizacion Linguística de l’Occitan Alpin
Normes orthographiques
Nòrmas ortogràficas, chausias morfologicas e vocabulari de l’occitan alpin oriental
Direction scientifique : Maurici ROMIEU, vice-président du Conseil linguistique
Équipe scientifique : M. Romiu, Joan Claudi RIXTE, Bernat MOLIN , membres du Conseil linguistique
Coordination et référent pédagogique : G. Mercadièr, président du Congrès
Recherche, préparation : F. Marcouyre, V. Rivière, D. Escarpit
Infographie : A. Séguier
Voix : Joan ROS, membre du Conseil linguistique (auvergnat), JB. Brana (gascon), A. Séguier (languedocien), Cecila CHAPDUELH, membre du Conseil linguistique (limousin), Joan-Claudi FORÊT, membre du Conseil linguistique (vivaroalpin), R. Pecot (provençal), Maurici ROMIEU, vice-président du Conseil linguistique, B. Dazeas
Remerciements : Patric SAUZET, président du Conseil linguistique, Andriu BIANCHI, Patrici POJADA, Jean SIBILLE, Alan VIAUT, membres du Conseil linguistique
Adaptation des échantillons de textes : Joan ROS, membre du Conseil linguistique (auvergnat), Bernat MOLIN, membre du Conseil linguistique (provençal), JB. Brana (gascon), Sèrgi CARLES, membre du Conseil linguistique, et Gilabèrt Mercadier, président du Congrès (languedocien), Cecila CHAPDUELH, membre du Conseil linguistique (limousin), Joan-Claudi FORÊT, membre du Conseil linguistique (vivaroalpin)
Voix : Joan ROS, membre du Conseil linguistique (auvergnat), Marthe Laulhé (gascon), E. Fraj (languedocien), Cecila CHAPDUELH, membre du Conseil linguistique (limousin), Joan-Claudi FORÊT, membre du Conseil linguistique (vivaroalpin), R. Pecot (provençal)
Bibliographie
- ALIBERT Louis. Dictionnaire occitan-français sur la base des parlers languedociens. Toulouse : I.E.O., 1966, 700 p.
- BEC Pierre. La langue occitane. Paris : Presses Universitaires de France, édition corrigée, 1963.
- BEC Pierre. Manuel pratique d’occitan moderne. Paris : éditions A et J Picard.,1973.
- Andriu BIANCHI, Alan VIAUT, Fiches de grammaire d’occitan gascon normé. Vol 1. Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux. 1995, 156 p. Bilingue.
- COLLECTIU, Dictionnaire de base Français-Provençal, Centre Regionau d’IEO, 1992, 411 p.
- LAFONT Robert. L’ortografia occitana, sos principis, C.R.D.P. , 1983.
- LAFONT Robert, Elements de phonétique de l’occitan, Vent Terral, 1984.
- LAUX Christian. Dictionnaire français-occitan, languedocien central, section deu Tarn de l’IEO, 1997, 582 p.
- Ives LAVALADA. Dictionnaire français-occitan Limousin, Marche, Périgord. 3au edicion revista e aumentada, Uzerche : IEO dau Lemosin, 2010, 637 p.
- MISTRAL Frédéric. Lou Tresor dóu Felibrige, Culture provençale et méridionale, 4 vol, Genève-Paris : edicion 1979, Genève-Paris Slatkine, ed. de L’unicorne
- Bernat MOLIN, MARTIN Guy. Grammaire provençale et cartes linguistiques. Aix-en- Provence : Comitat Sestian d’Estudis occitans, CREO Povença, diff. Edisud. 1998.
- NARIOO Gilbert, GROSCLAUDE Michel, GUILHEMJOAN Patrick. Dictionnaire français-occitan (gascon), 2 vol. (A-K et L-Z) , 3au edicion revista e corregida. Orthez : ed. Per Noste, 2007, 516 p. et 613 p.
- Maurici ROMIEU, Andriu BIANCHI. Gramatica de l’occitan gascon contemporanèu. Pessac : Presses Universitaires de Bordeaux. 2005, 523 p. Coll. Saber lenga. En occitan.
- Jean SIBILLE, Ecrire l’occitan : essai de présentation et de synthèse, icodification des langues de France : actes du colloque : les langues de France et leur codification, écrits ouverts, écrits divers, (Paris-Inalco, 29-31 mai 2000.) Paris : L’Harmattan, 2002.
- Domergue SUMIEN. La standardisation pluricentrique de l’occitan : nouvel enjeu sociolinguistique, développement du lexique et de la morphologie. Thèse. Linguistique occitane. Association internationale d’etudes occitane, Brepols, 2006, 501 p.
- TINTOU Michel, Grammaire limousine, Lemouzi, 1973, NO 48.
- TAUPIAC Jacques. L’occitan modèrne. Puylaurens : I.E.O. 2001, 128 p.
- Florian VERNET, Dictionnaire grammatical de l’occitan moderne selon les parlers languedociens. Montpellier : Centre d’Estudis Occitans, 2000, 400 p.
Lo Congrès vous propose d'écouter et de lire l'occitan dans sa diversité, avec la Parabòla del filh perdut dans plusieurs variantes. Ces textes ont été réalisés à partir des différentes versions proposées par Pierre Bec dans La Langue occitane (Que sais-je ?, PUF, 1963).
Occitan auvergnat
Un òme aviá mas dos garçons. Lo plus joine diguèt a son paire : « Lo moment es vengut que siáie mon mèstre e qu’age d'argent ; chal que puèsche me'n anar e que vege de païs. Partatjatz vòstre ben e bailatz-me çò que deve avèdre. » — « O mon garçon », diguèt lo paire, « coma voudràs ; siás un meschant e seràs punit. » E puèissa badèt un tirador, partatgèt son ben e ne faguèt dos morcèls.
Quauques jorns après, lo meschant se'n anèt delh vilatge en fasent lo gloriós e sans dire a reveire a denguns. Traversèt un tropèl d'abuijas, de bòscs, de ribèiras e arribèt dins una granda vila e i despensèt tot son argent. Quauques mes après deguèt vendre son abit a una vièlha femna e s'alugèt pèr èstre messatge. Saguèt enviat dins los pasturatges pèr gardar los ases e los buèus. Adoncas saguèt ben malairós. Aguèt plus de lèit per durmir la nuèit ni mai de fuòc per se chaufar quand aviá freid. De còps que i a aviá talament fam qu'auriá ben manjat quelas fuèlhas de chau e quelas fruitas poiridas que manjan los pòrcs. Mas degun n'i bailava ges.
Un sèra, lo ventre voide, se laissèt tombar sobre un tròç e aseimèt per la fenèstra los aucèls que volatejavan. E puèissa veguèt elh cial la luna e las estialas e se diguèt en plorant : « Alai, l'ostal de mon paire es plen de messatges qu'an de pan, de vin, de cacaus e de fromatge tant que ne vòlon. E ieu crèbe de fam aicí. »
Enregistrement : Joan Rós
Occitan gascon
Un òmi n’avèva pas que dus hilhs. Lo mei joen que digó a son pair : « Qu'ei temps que sii lo men mèste e qu'agi moneda ; que cau que me’n posqui anar e que vegi país. Partatjatz lo vòste ben e balhatz-me çò qui devi aver. » — « Que òc, lo men hilh », ce digó lo pair, « com volhas ; qu'ès un maishant e que seràs punit ». E après qu’obrí ua tireta, que partatgè lo son ben e que'n hasó duas parts.
Quauques dias après, lo maishant que se n’anè deu vilatge en har lo fièr e shens díser adiu ad arrés. Que traversè hòrt de lanas, de bòscs, d’arrius e que viengó dens ua grana vila, on despensè tota la soa moneda. Au cap de quauque mes, que devó véner la soas pelhas a ua vielha hemna e que’s loguè entà estar vailet : que l'envièn aus camps entà i guardar los asos e los bueus. Alavetz qu'estó plan malurós. N'avó pas mei nat lheit entà dromir la nueit ni huec entà’s cauhar quan hasèva hred. Qu'avèva quauque còp tan gran hami que s'auré plan minjat aqueras huelhas de caulets e aqueths fruts poirits qui minjan los pòrcs. Mès arrés ne’u balhava arren.
Un ser, lo vente vueit, que's deishè càder sus un tronc en tot espiar per la frinèsta los ausèths qui volavan leugèrament. E puish que vedó paréisher dens lo cèu la lua e las estelas e que’s digó en plorar : « Acerà, la maison deu men pair qu'ei plea de vailets qui an pan, vin, ueus, hromatge tan que'n vòlen. Mentre qui jo que’m moreishi de hami ací. »
Enregistrement : Marthe Laulhé
Occitan Limousin
Un òme aviá mas dos filhs. Lo pus jòune disset a son pair : « Quo es temps qu'ieu siá mon mèstre e qu'aja de l'argent ; chau que puescha me n'anar e que veja lo país. Partissetz vòstre ben e donatz-me çò que deve aver. » — « Òc es, mon filh », disset lo pair, « coma voudràs ; ses un maichant e siràs punit ». Puei dreibiguet una tireta, partiguet son ben e ne'n faguet doas parts.
Quauques jorns apres, lo maichant se n'anet dau vilatge en far lo gloriós e sens dire adieu a degun. Traversèt b'assetz darzenas, bòscs, ribieras e arribet dins una granda vila ont desgalhet tot son argent. Au chap de quauques mes, deguèt vendre sos abits a una vielha femna e se luget per esser vailet : lo manderon dins los champs per i gardar los ases e los buòus. Adonc siguet plan malurós. N'aguet pus de liech per durmir la nuech ni de fuec per se chaufar quand aviá freg. A beus còps aviá talament fam qu'auriá be minjat quelas fuelhas de chaul e quilhs fruchs poirits que minjen los ganhons ; mas degun li donava res.
Un ser, lo ventre voide, se laisset tombar sus una tronça e avisava per la fenestra los auseus que volaven leugierament. Puei veguet pareisser dins lo ciau la luna e las estialas e se dissèt en purant : «Alai, la maison de mon pair es plena de vailets qu'an dau pan e dau vin, daus uòus e de la toma tant que ne'n vòlen. Mentretant ieu aicí mòri de fam. »
Enregistrement : Cecila Chapduelh
Occitan languedocien
Un òme aviá pas que dos dròlles. Lo pus jove diguèt a son paire : « Es ora per ieu de me governar sol e d'aver d'argent ; me cal poder partir e véser de país. Despartissètz lo vòstre ben e donatz-me çò que devi aver. » — « O mon filh », diguèt lo paire, « coma voldràs tu ; siás un marrit e seràs castigat ». Apuèi dubriguèt una tireta, despartiguèt lo sieu ben e ne faguèt doas parts.
Qualques jorns aprèp, lo marrit se'n anèt del vilatge en se conflant e sens dire adieu a degun. Traversèt fòrça bosigas, fòrça bòsques, fòrça ribièras, e arribèt dins una granda vila ont despensèt tot l'argent. Al cap de qualques meses, calguèt que vendèsse la farda a una femna vièlha e se loguèt per vailet : lo mandèron pels camps gardar los ases e los buòus. Alara foguèt plan malurós. Agèt pas mai de lèit per dormir la nuèit ni de fuòc per se calfar quand aviá freg. Aviá talament talent qualque còp qu'auriá plan manjadas aquelas fuèlhas de caulet e aquela frucha poirida que manjan los pòrcs ; mas degun li balhava pas res.
Un ser, lo ventre treule, se daissèt tombar sus un rol ; e agachava per la fenèstra los aucèls que volavan leugièirament. Apuèi vegèt paréisser dins lo cèl la luna e las estèlas e se diguèt en plorant : « Enlà, l'ostal del paire es plen de vailets qu'an de pan e de vin, d'uòus e de formatge tant que vòlon. D'aquel temps ieu aicí morissi de fam. »
Enregistrement : Eric Fraj
Occitan provençal
Un òme aviá ren que dos fius. Lo pus joine diguèt a son paire : « Es temps que siegui mon mèstre e qu'agui de sòus ; fau que pòsqui m’enanar e que vegui de país. Partejatz vòstre ben e donatz-me çò que devi aver. » — « O mon fiu », faguèt lo paire, « coma vourràs ; siás un marrit e seràs punit ». E puei dubriguèt un tirador, partegèt son ben e ne faguèt doas parts.
Quauquei jorns puei, lo marrit s’enanèt dau vilatge en fasent lo faròt e sensa dire adieu a degun. Atraversèt fòrça planuras, bòscs e ribieras e arribèt dins una grand vila ont despensèt totei sei sòus. Après quauquei mes, deguèt vendre seis abilhatges a una vièlha frema e se loguèt per varlet : lo mandèron dins lei tèrras per i gardar leis ases e lei buòus. Adonc foguèt ben malurós. Aguèt plus ges de liech per dormir la nuech ni mai de fuòc per se caufar quand aviá freg. Aviá de còps tant fam qu'auriá ben manjat aquelei fuelhas de caulet e aquela frucha poirida que manjan lei pòrcs ; mas degun li donava ren.
Un vèspre, lo ventre vuege, se laissèt tombar sus un tòc d'aubre ; e agachava per la fenèstra leis aucèus que volavan leugierament. E puei veguèt paréisser dins lo cèu la luna e leis estèlas e se diguèt en plorant : « Ailà, l'ostau de mon paire es plen de varlets qu'an de pan, de vin, d'uòus e de formatge tant coma ne vòlon. Enterin ieu mòri de fam aicí. »
Enregistrement : Rotland Pecot
Occitan vivaroalpin
Un òme aviá mas dos garçons. Lo plus joine diguèt a son paire : « Qu'es temps que siese mon mèstre e qu'aie d'argent ; chal que pòie me n'anar e que veie de país. Partajatz vòstre ben e bailatz-me çò que devo aver. — Mon enfant, diguèt lo paire, coma voudràs, siás un meschant e seràs punit ». E puei badèt un tirant, partagèt son ben e ne'n faguèt doas parts.
Quauques jorns après, lo meschant se n'anèt dau vilatge en fasent lo fièr e sens dire adieu a dengús. Traversèt biaucòp de chaumas, de boés, de rius e arrivèt dins una bèla vila onte despensèt tot son argent. Quauques mes après, deupuguèt vendre sos abits a una vièlha femna e prenguèt una plaça de valet. Lo mandèran per los prats per sonhar los asnes e los bueus. Adoncas seguèt bien malaürós. Aguèt gis de coja per duermir la nueit, ni de fuèc per se chaufar quand aviá freid. De fes que i a, aviá ben tant fam qu'auriá ben minjat quelas fòlhas de chaul e quela fruta puriá que minjan los caions. Mas dengús li bailava ren.
Un vèspre, lo ventre voide se laissèt tombar sus un mochon, e sonhèt per la fenèstra los augiaus que volavan leugeirament. Puei veguèt paréisser au cial la luna e las estialas e diguèt en plorant : « Aval, la maison de mon paire es plena de valets qu'an de pan e de vin e d'ueus e de fromatge tant que ne'n vòlan ; pendent quel temps ieu muèro de fam aicí. »
Enregistrement : Joan-Claudi Forêt