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Roland Pécout nous a quittés
Roland Pécout nous a quittés

Figure majeure de l'occitanisme de Provence et au-delà, Roland Pécout nous a quittés en fin d'année dernière.

Roland Pécout était né en 1949 à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) et a écrit – en occitan et en français – une œuvre abondante, dont une grande partie est inédite ou dispersée.
La lecture de ces textes révèle un univers de continuité et de passages où les contraires, loin de s’opposer, s’accordent et se complètent.
Après un premier essai d’adaptation en graphie mistralienne du célèbre sonnet de Ronsard « Quand vous serez bien vieille… », l’auteur découvre l’occitanisme à travers les luttes des années 1970, au Larzac notamment.

Ni enfermement dans l’enrasigament, ni fuite dans le nomadisme dans cette œuvre, mais une tension féconde entre l’ici et l’ailleurs, le passé et l’avenir de l’homme, le français et l’occitan, l’oralité et la culture écrite… Au-delà d’une première impression de diversité et d’émiettement, la lecture de l’œuvre en révèle au contraire la cohérence formelle et thématique.

Elle révèle aussi, conjointement, une connaissance intime de la culture occitane orale (contes, proverbes, énigmes…) et de la culture écrite (celle des grands écrivains d’oc que sont Frédéric Mistral, Max Rouquette ou Jean Boudou). Mais elle est aussi nourrie d’une solide culture universelle, notamment des grands mythes antiques dont la figure d’Ulysse est une des principales.

Dans cette œuvre, les recueils poétiques Avèm decidit d’aver rason (1969), Poèmas per tutejar (1978), Portulan (1978 et 1981), Mastrabelè (1999), Laissarem degun (2008) côtoient le théâtre : Il est interdit de se pencher… (1986), Fan de chichou (1982), les romans pour la jeunesse : L’Envòl de la tartana (1986), Las Costièras del velon d’aur (2000) ou les chroniques journalistiques dont certaines ont été réunies en volume : Agach occitan. Les deux volumes de Portulan, récemment réunis aux éditions Vent Terral, tiennent à la fois du récit de voyage et de la prose poétique. L’auteur y dit sa fascination de l’Orient mais y affirme aussi la signification de toute quête :

La quête de soi est un voyage inachevé… Comme le désert nourrit la soif, comme la soif un moment apaisée réclame d’autres déserts, la conquête d’une part du mystère de l’homme ouvre sur d’autres questionnements, c’est la leçon que l’on tire de la lecture de cette œuvre.

© Photo : Georges Souche