EDITO du président du Congrès permanent de la lenga occitana :
Nous avons une loi utile malmenée par un Conseil constitutionnel qui veut remettre en marche l’épuration lingüistique...
Sa décision n’est pas juridique, elle est idéologique, jacobinasse et ridicule.
L’article 2 pris pour prétexte était contre l’anglais et non contre les langues autochtones pour ne pas dire régionales.
La France, « patrie des droits de l’homme », moins un, le droit à sa langue, va devenir la risée du monde avec cette affaire du refus des signes diacritiques... Caròla et Ibáñez vont être illégaux pour un accent... Guilhèm et Kévin aussi peut-être...
Il faudrait arrêter l’immersion dans les écoles qui la pratiquent en France dans le public et l’associatif mais aussi à l’étranger dans les écoles, collèges et lycées qui la pratiquent avec le français ?
L’immersion qui sauve le français au Canada et le ranime en Louisiane, où il a tant souffert comme nos langues, serait-elle illégale en France ?
Mais il y a du bon avec le tapage que tout cela implique.
- La loi votée par une large majorité bien que malmenée est une avancée pour la reconnaissance patrimoniale et permettra d’élargir l’offre pour l’enseignement qui était en déperdition...
- on parle plus que jamais de nous et le plus souvent en bien ;
- le ministère de l’Éducation, pour faire oublier ses mesures mortifères et ses manœuvres pour la saisine contre la loi, annonce une mesure demandée et refusée depuis 3 ans : revaloriser l’option facultative de langue régionale au Bac...
- le premier ministre et le président s’intéressent enfin à nous et ne relèguent plus le dossier au seul ministère de l’Éducation. Il semble bien que, acculés par les réactions, ils veulent lui lâcher un peu de lest enfin. Il était temps.
- on parle de révision constitutionnelle au plus haut niveau pour changer le mortifère article 2 de la Constitution.
Nous sommes bien conscients que rien n’est gagné, que tout est à faire pour une mise en œuvre de la loi, de telle ou telle déclaration, nous savons bien que faire reconnaître l’immersion, que faire changer l’article 2 pour une révision constitutionnelle ne sera pas chose aisée. Nous pouvons dire cependant que c’est possible et qu’il faut œuvrer tous ensemble pour faire tomber les barrières.
Le collectif Pour Que Vivent Nos Langues, plus que jamais remobilise le 29 mai en réaction à la saisine du Conseil constitutionnel et dénonce une forme de harcèlement des langues régionales.
Vous trouverez ci-dessous la liste des manifestations à travers toute l’Occitanie et au-delà :
« Per tirar al jòc comun cal de monde de tot latz ».
Gilabèrt Mercadièr, président du Congrès permanent de la lenga occitana.